Показаны сообщения с ярлыком poetry. Показать все сообщения
Показаны сообщения с ярлыком poetry. Показать все сообщения

понедельник, 12 декабря 2011 г.


HIÉROGLYPHE

J'ai trois fenêtres à ma chambre:
L'amour, la mer, la mort,
Sang vif, vert calme, violet.

O femme, doux et lourd trésor!

Froids vitraux, cloches, odeurs d'ambre.
La mer, la mort, l'amour,
Ne sentir que ce qui me plaît ...

Femme, plus claire que le jour!

Par ce soir doré de septembre,
La mort, l'amour, la mer,
Me noyer dans l'oubli complet.

Femme! femme! cercueil de chair!

***

HIEROGLYPH (trans. by Rees)

I have three windows in my room:
Love, sea, death,
Living blood, calm green, violet.

O woman, sweet and heavy treasure!

Cold stained glass, bells, scents of amber.
Sea, death, love,
To feel only what gives me pleasure ...

Woman, brighter than daylight!

On this gilded September evening,
Death, love, sea,
To drown myself in entire oblivion.

Woman! woman! coffin of flesh!



Charles Cros - Hieroglyphe/Hieroglyph
22:37

понедельник, 21 ноября 2011 г.


LA MORT DES ARTISTES

Combien faut-il de fois secouer mes grelots
Et baiser ton front bas, morne caricature?
Pour piquer dans le but, de mystique nature,
Combien, ô mon carquois, perdre de javelots?

Nous userons notre âme en de subtils complots,
Et nous démolirons mainte lourde armature,
Avant de contempler la grande Créature
Dont l'infernal désir nous remplit de sanglots!

Il en est qui jamais n'ont connu leur Idole,
Et ces sculpteurs damnés et marqués d'un affront,
Qui vont se martelant la poitrine et le front,

N'ont qu'un espoir, étrange et sombre Capitole!
C'est que la Mort, planant comme un soleil nouveau,
Fera s'épanouir les fleurs de leur cerveau!

***

THE DEATH OF ARTISTS

How often must I shake my bells, and kiss 
Your brow, sad Travesty? How many a dart, 
My quiver, shoot at Nature's mystic heart 
Before I hit the target that I miss?

We'll still consume our souls in subtle schemes, 
Demolishing tough harness, long before 
We see the giant Creature of our dreams 
Whom all the world is weeping to adore.

Some never knew their Idol, though they prayed:
And these doomed sculptors, with an insult branded,
Hammer your brows and bosom, heavy-handed,

In the one hope, O Capitol of shade! 
That Death like some new sun should rise and give 
Warmth to their wasted flowers, and make them live.


Charles Baudelaire - La Mort des artistes/The Death of Artists
11:49

пятница, 4 ноября 2011 г.


L'AMOUR ET LE CRANE

Vieux cul-de-lampe

L'Amour est assis sur le crâne
De l'Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.
J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir:
— «Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair!»

***
LOVE AND THE SKULL

(Old Tail-piece)

With bold and insolent grimace, 
Love laughingly bestrides 
The bare skull of the Human Race, 
And, as enthroned he rides, 
Blows bubbles from his rosy cheek 
Which soar into the sky 
As if, beyond the blue, to seek 
The other worlds on high. 
They ride with wondrous verve at first, 
Reflect the sunny beams, 
Then spit their flimsy souls, to burst 
And fade like golden dreams. 
I hear the skull at each renewal 
Expostulate aghast — 
"This game, ridiculous and cruel — 
When will it end at last? 
For what your cruel mouthpiece drains 
And scatters, sud by sud, 
Monstrous Assassin! is my brains, 
My substance, and my blood."

Charles Baudelaire - L'Amour et le Crâne/Love and the Skull
12:56

суббота, 29 октября 2011 г.


Хрупкое небо в болезненно-сером
Платье из пыли и смога машин
Бьет оголенным и жалящим нервом
В глумливые лбы опустевших вершин.

Смердящие реки несут в своем чреве
Омертвелые кости и битый хрусталь.
Плавятся стены в чрезмерном нагреве,
Падают птицы в засохший миндаль.

Благонравная юность с прожаренной кожей,
Разбившись на пары танцует фокстрот.
Этим вечером летним, я увижу быть может,
Как разверзентся склизский гнилой небосвод.
Мертвые города моей юности
02:51

четверг, 20 октября 2011 г.


Maurice Rollinat - Marches Funebres

Toi, dont les longs doigts blancs de statue amoureuse,
Agiles sous le poids des somptueux anneaux,
Tirent la voix qui berce et le sanglot qui creuse
Des entrailles d’acier de tes grands pianos,

Toi, le cœur inspiré qui veut que l’Harmonie
Soit une mer où vogue un chant mélodieux,
Toi qui, dans la musique, à force de génie,
Fais chanter les retours et gémir les adieux,

Joue encore une fois ces deux marches funèbres
Que laissent Beethoven et Chopin, ces grands morts,
Pour les agonisants, pèlerins des ténèbres,
Qui s’en vont au cercueil, graves et sans remords.

Plaque nerveusement sur les touches d’ivoire
Ces effrayants accords, glas de l’humanité,
Où la vie en mourant exhale un chant de gloire
Vers l’azur idéal de l’immortalité.

Et tu seras bénie, et ce soir dans ta chambre
Où tant de frais parfums vocalisent en chœur,
Poète agenouillé sous tes prunelles d’ambre,
Je baiserai tes doigts qui font pleurer mon cœur !
Maurice Rollinat - Marches Funebres
13:50

суббота, 15 октября 2011 г.



Brumes et pluies


Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.


Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.


Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,


Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
— Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.


***
Mists and Rains


O ends of autumn, winters, springtimes deep in mud, 
Seasons of drowsiness, — my love and gratitude 
I give you, that have wrapped with mist my heart and brain 
As with a shroud, and shut them in a tomb of rain.


In this wide land when coldly blows the bleak south-west 
And weathervanes at night grow hoarse on the house-crest, 
Better than in the time when green things bud and grow 
My mounting soul spreads wide its black wings of a crow.


The heart filled up with gloom, and to the falling sleet
Long since accustomed, finds no other thing more sweet — 
O dismal seasons, queens of our sad climate crowned — 


Than to remain always in your pale shadows drowned; 
(Unless it be, some dark night, kissing an unseen head, 
To rock one's pain to sleep upon a hazardous bed.)
Charles Baudelaire - Brumes et pluies/Mists and Rains
00:22

вторник, 11 октября 2011 г.




                     LE DORMEUR DU VAL


   C’est un trou de verdure où chante une rivière
   Accrochant follement aux herbes des haillons
   D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
   Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

   Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
   Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
   Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
   Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

   Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
   Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
   Nature, berce-le chaudement : il a froid.

   Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
   Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
   Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

***

THE SLEEPER IN THE VALLEY

It is a green hollow where a stream gurgles, 
crazily catching silver rags of itself on the grasses; 
where the sun shines from the proud mountain: 
it is a little valley bubbling over with light. 
A young soldier, open-mouthed, bare-headed, 
with the nape of his neck bathed in cool blue cresses, sleeps; 
he is stretched out on the grass, under the sky, 
pale on his green bed where the light falls like rain. 
His feet in the yellow flags, he lies sleeping. 
Smiling as a sick child might smile, he is having a nap. 
Cradle him warmly, Nature; he is cold. 
No odour makes his nostrils quiver; 
he sleeps in the sun, his hand on his breast, at peace. 
There are two red holes in his right side.
Arthur Rimbaud - Le Dormeur Du Val/The Sleeper In The Valley
13:24

суббота, 8 октября 2011 г.


C’est le soir au jardin du Luxembourg ; les portes
Vont se fermer ; le jour qui meurt à l’horizon
Semble un dernier adieu de la douce saison ;
Le pied foule un tapis mourant de feuilles mortes.
La nuit lente descend ; on entend s’apaiser
Des passants attardés les pas et les murmures ;
Les groupes, sur leur socle, au milieu des ramures,
Pour conjurer le froid échangent un baiser.
Car voici que l’Hiver s’avance, triste et sombre !
Vous allez être seuls, ô pauvres marbres nus!
Les amoureux discrets, à vous tous bien connus,
Ne viendront de longtemps s’abriter à votre ombre.
Un brouillard gris et fin s’estompe dans les airs ;
Le mystère se fait dans les mornes allées
Que hanteront bientôt les bises désolées ;
Les moineaux sont partis et les bancs sont déserts.
Oh ! le triste retour des saisons enrhumées !
Déjà sur votre épaule un frisson vient courir ;
Déjà le coeur se serre et, comme pour s’ouvrir,
Aspire au chaud parfum des chambres bien fermées.
Germain Nouveau - Fin D'automne
16:18

среда, 5 октября 2011 г.

Petit mort pour rire

Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton œil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...

Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...

Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort – Les bourgeois sont bêtes –
Va vite, léger peigneur de comètes !

Tristan Corbière - Petit mort pour rire
23:18

Je suis un homme mort depuis plusieurs années ; 
Mes os sont recouverts par les roses fanées. 


Le Collier de griffes, 1908
Charles Cros
18:03

Оцвело чумное лето,
Сникло в грязи дождевой.
Сытой осенью раздето
И зарыто в перегной.

Упаковано, как в платье,
В гниль, останки, требуху.
Воет в темном каземате,
Чтоб остаться на слуху.

После, мертвыми цветами
Землю вспучит, как волдырь.
Вскормит гнойными хлебами
Лето - тлена поводырь.
Чума/The Plague
06:38

вторник, 4 октября 2011 г.


Thy soul shall find itself alone
'Mid dark thoughts of the grey tomb-stone;
Not one, of all the crowd, to pry
Into thine hour of secrecy.
Be silent in that solitude,
Which is not loneliness-for then
The spirits of the dead, who stood
In life before thee, are again
In death around thee, and their will
Shall overshadow thee; be still.
The night, though clear, shall frown,
And the stars shall not look down
From their high thrones in the Heaven
With light like hope to mortals given,
But their red orbs, without beam,
To thy weariness shall seem
As a burning and a fever
Which would cling to thee for ever.
Now are thoughts thou shalt not banish,
Now are visions ne'er to vanish;
From thy spirit shall they pass
No more, like dew-drop from the grass.
The breeze, the breath of God, is still,
And the mist upon the hill
Shadowy, shadowy, yet unbroken,
Is a symbol and a token.
How it hangs upon the trees,
A mystery of mysteries!



1827.
Edgar Allan Poe - Spirits of the Dead
20:49

Punishment of Pride


In those old times wherein Theology
Flourished with greater sap and energy,
A celebrated doctor — so they say —
Having stirred many careless hearts one day
Down to their dullest depths, and having shown
Strange pathways leading to the heavenly throne —
Tracks he himself had never journeyed on
(Whereby maybe pure spirits alone had gone) —
Frenzied and swollen by the devilish pride,
Like to a man who has climbed too high, outcried:
"Ah, little Jesus, I have lifted thee!
But had I willed to assault thy dignity,
Thy shame had matched they present fame, and lo!
Thou wouldst be but a wretched embryo!"

Straightway his reason left him; that keen mind,
Sunbright before, was darkened and made blind;
All chaos whirled within that intellect
Erewhile a shrine with all fair gems bedeckt,
Beneath whose roof such pomp had shone so bright;
He was possessed by silence and thick night
As is a cellar when its key is lost…
Thenceforth he was a brute beast; when he crossed
The fields at times, not seeing any thing,
Knowing not if it were winter or green spring,
Useless, repulsive, vile, he made a mock
For infants, a mere children's laughing-stock.

Charles Baudelaire - Punishment of Pride/Châtiment de l’orgueil
20:03